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Publié le 22 Janvier 2020

Extrait du carnet manuscrit Fila III d'Auguste PIGUET de 1936, confiés par Pierre-André Reymond, son petit-fils.

Auguste Piguet est au Phare du Titan ce samedi 13 juin 1936...

Suite de 

   Magagnol s’est un peu instruit par lui-même mais n’a fréquenté l’école que pendant quinze mois. Excelle dans la pêche à la rivière comme à la mer. Grand chasseur, tire sur les oiseaux de passage et tend force collets. Son jardin est magnifique. On voit tout de suite qu’on a à faire à un homme à xxx, qui sait mettre la main à tout. Vastes yeux noirs, tandis que Madame les a gris bleus. A côté de ce torse puissant, j’ai l’impression de n’être qu’un mancheron. Il faut dire qu’il peut en mettre en xxx, de la marchandise.
A voir ce visage replet de bon vivant, on pourrait supposer Magagnol exempt des misères de la nervosité. Ce n’est pas le cas.
Il dort peu et mal. Sa responsabilité de chef de phare l’écrase. À tout moment, il se réveille en cauchemar et croit entendre la voix d’un de ses seconds qui vient réclamer son secours pour mauvais fonctionnement de l’appareil. Il suffirait de bien peu pour causer un désastre, car des bateaux grands et petits passent sans cesse dans le voisinage. L’Esquillade et l’Esquilladon sont traîtres.

 

Zoom d'une carte postale de l'Agence Officielle


   Dès l’âge de 15 ans, Magagnol jouit de la confiance d’une grande maison de bois de Marseille. Fonctionnait comme commissaire payeur en Italie de Livourne en Sicile et en Sardaigne. 
   Munis de grosses sommes, il se faisait ouvrir des comptes en banque et ne portait jamais sur lui que le strict nécessaire pour ses frais de couche et d’entretien.
   Les Magagnol, chose curieuse, mangeaient naguère la fondue. Ils avaient des amis en Franche-Comté à Xxxx sur Saône qui leur envoyaient de temps à autre des pains de cancoillotte. Cette spécialité, qui n’est autre que de la fondue refroidie, se vend communément au marché de Besançon. Il suffit de la réchauffer pour la consommer comme chez nous. Mais les amis comtois des M. sont décédés et ils ne savent où s’adresser pour se procurer la précieuse denrée qu’ils apprécient beaucoup. Ai mangé une fois de la cancouyette au Cernois, mais froide.
   L’appareil des sourciers du midi est une sorte de fil à plomb. La partie métallique, évidée en forme de cuvette, renferme un peu de la substance recherchée, de l’eau, de l’or.
   Puis mon ami Magagnol parle politique et critique les agissements des gouvernants. Il fait confiance à Blum qu’il prononce Blon. Le programme de celui-ci est excellent. Il faut le voir à l’œuvre avant de le décrier.
  Voici tantôt 4 heures que nous sommes attablés et que je confesse mon ami Magagnol. Lorsqu’un méridional voit qu’on s’intéresse vraiment à sa personne et à son genre de vie, il n’est pas difficile de l’accoucher de tout ce qui le préoccupe. Il serait autrement plus difficile de mettre un Combier sur la voie des confidences. Nous sommes autrement renfermés. J’avance mon billet de cent francs pour payer mon écot. Rien de ça, s’écrie le père M., recachez votre billet. Aujourd’hui, c’est ma fête, vous êtes mon hôte, je ne prends point d’argent. Vous seriez venus douze, ce serait la même chose.

   Né en 1875, Magagnol a ainsi 61 ans. Comme je lui souhaite encore 20 ans de vie et de santé, il me répond, c’en serait top, si j’arrive aux soixante et dix, j’en aurai mon compte. Doyen de l’île, j’ai vu disparaître un à un tous mes amis. Mon tour s’approche. Quand je dis doyen de l’île, ce n’est pas que je suis le plus âgé, puisque Mangin tient les 72, c’est que je suis le plus ancien habitant de l’île, où je réside depuis ¼ de siècle. Il me faut renoncer à payer, toute insistance paraîtrait blessante. On trouvera bien un moyen de dédommager ces braves gens.
  M. Magagnol, qui connaît son Marseille à fond, me parle des fraudes qu’y commettent les gens de mer. Des quantités de marchandises sont soustraites aux navires. En payant quelques verres ou soupers, celui qui s’y connaît obtiendra des articles à vil prix. A quoi bon de lui dire qu’il s’agit de recel et que celui-ci est puni par la loi ?
   Parle de son ascension au Vésuve et de sa déception à la vue de l’entonnoir grisâtre.
La maison de Marseille qu’occupait M. ayant voulu lui confier un poste sur un caboteur faisant voile pour l’Amérique du Sud, il refusé, du moment qu’il venait de se marier. Redoutait aussi les fièvres de là-bas dont venaient de mourir plusieurs employés de la même maison. Entré alors à 38 ans au service de la Marine, comme employé de phare.

 

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Piguet, #Histoire, #Ile du Levant, #1936, #Phare du Titan

Publié le 20 Janvier 2020

Extrait du carnet manuscrit Fila III d'Auguste PIGUET de 1936, confiés par Pierre-André Reymond, son petit-fils.

Auguste Piguet est au Phare du Titan ce samedi 13 juin 1936...

   On mangera la bouillabaisse à dîner. Assisté aux opérations culinaires assez compliquée et qui se font en plein air sur un foyer spécial aux grosses pierres muni d’un support pour la grosse marmite. C’est M. Magagnol qui préside aux rites. On met dans la marmite des poissons de diverses espèces, des rascas, des girelles, des escargots de mer dits bigorneaux, du safran, de la sarriette, de l’oignon, de l’ail, des pommes de terre, de l’huile en abondance et des poignées de poivre. La marmite doit rester découverte. Le mélange prend une belle couleur dorée. On le chauffe d’abord avec de grosses branches de bruyères, puis lorsqu’il bout, avec de mêmes branches fendues bien sèches. Ça frille. Ce feu vif dure ¼ d’heure.

 

Mme et M. Magagnol
Extrait photo de Pierre Audebert - NATURISME n°350 de 1935

   Mme Magagnol, consultée prend la louche, goûte et ordonne encore 5 minutes. Le brouet est à point. On verse le bouillon sur des tranches de pain dans une soupière et les pommes de terre et les poissons dans un plat allongé. Nous ne sommes que trois et il y en aurait pour six. Je me vois ainsi moralement forcé à manger plus que de raison. Ce sera un peu lourd à digérer. Puis vient une omelette aux tétragones, ensuite des amandes, des poires, des oranges et finalement le café. Le patron pousse à la consommation et comme dans le bon vieux temps.

  Causons jusqu’à 4 h comme de vieux amis tout en sirotant nos verres. Les Magagnol se prétendent seuls provençaux authentiques de l’île. Pégliasco père qui vient de Menton, n’est pas provençal, mais demi-italien. Sa femme non plus. Elle vient du Gard. Les enfants par contre, sont en train de devenir provençaux. Mais, lui dis-je, il y a pourtant Victor, qui vient de Fréjus. Magagnol le croit, lui aussi d’origine italienne, vu que son nom, Bagnasco, se termine par O. Le provençal dirait Bagnasque ou Bagnasc comme tarrasque et non tarrasco. Il y a trente ans, la bonne moitié de Marseille parlait encore son dialecte qui n’est pas le pur provençal de Provence.
   Le provençal de Mistral n’est pas non plus la langue commune provençale mais le dialecte assez différent d’Arles, situé en dehors des anciennes limites de la Provence. Tout ce qui est Alpes Maritimes est aussi en dehors de ce cadre.
  M. Magagnol, qui est des Arcs, à 6 km de Draguignan est convaincu que le Var coule encore dans le département du même nom. Je n’arrive pas à le détromper. Il ne veut pas croire non plus que ledit Var soit un simple affluent de l’Argens, petit fleuve côtier. Ses ancêtres s’appelaient Magagnosc du nom du hameau dont ils étaient originaires. Ce fut un officier d’état civil qui estropia le nom. Il aurait fallu payer un million de francs de frais pour obtenir le rétablissement de la forme correcte. Notre homme avait l’occasion de dépenser cette somme plus utilement. Il a fait inscrire son fils unique sous le nom de Magagnol pour éviter des complications de succession.
Le provençal se parle avec une telle rapidité qu’on ne peut saisir un mot que par-ci par-là. Quelques phrases répétées lentement me sont assez compréhensibles : Que venguès à tastar / Les finales muettes tombent ce qui rend la langue peu harmonieuse, incomparablement moins sonore que l’italien.


   

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Piguet, #Histoire, #1936, #Ile du Levant, #Phare du Titan, #Bouillabaisse

Publié le 2 Mars 2019

  Inédit

Extraits de l'un des trois carnets manuscrits de 1936, Fila I
rédigés par Auguste PIGUET, confiés par Pierre-André Reymond, son petit-fils.

Des remarques ou des précisions apparaissent en italique.


 Les ruines du Grand Avis font un effet déplorable. Dans 10 ans, il n’y aura plus guère que des pans de mur encore debout. L’entrée de l’ancienne église est d’un accès difficile par la façade de devant. La chose réussit mieux par l’arrière. Traces de jolies moulures. Croix de fer surmontant la façade. Lignée de bâtiments encore debout. Là se trouvent la poste provisoire et la mairie (M. et Mme Theillet originaires de l’île de Ré). Le maçon Giraudo occupe la tranche est de cette lignée, qui du temps du pénitencier servit d’hôtellerie.
 L’enceinte du pénitencier aux murs en partie croulant, renferme des prés magnifiques et des puits surmontés d’un bâti en maçonnerie à double ouverture. On y puise au moyen d’une sorte d’amphore dite gargoulette attachée à une corde. Un âne, celui de M. le colonel Gell et le mulet de Victor Bagnasco paissent au bout d’un licol.

 De magnifiques rangée d’eucalyptus flanquent des portions de l’enceinte. Leurs feuilles prises en infusion guérissent radicalement rhumes et bronchites prétend le berger Tarzan qui en a fait l’expérience. Le vaste étang du pénitencier est à moitié comblé par des herbes aquatiques. Une maisonnette genre chalet s’élève dans un angle de l’ancienne cour du pénitencier. Le garde Augier y est logé. Il est chargé de dresser des contraventions à ceux qui ne portent aucun slip, qui coupent du bois vert ou font du feu. Sur divers points, des pancartes rappellent ces dernières prescriptions.
  Aucun service religieux n’a lieu sur l’île. Le dimanche ne se distingue en rien des autres jours. La majorité des 8 habitants est catholique de naissance mais non pratiquants ce qui ne les empêche pas de se signer dévotement lorsqu’ils pénètrent dans une église. Tel a été le cas de Madame La Salle, l’épicière, lorsque nous avons visité l’église de Port Cros. Il y a quelques protestants.

 Au midi du pénitencier, dans un bas-fond, quelques constructions ont été maintenues ou rapetassées par des ouvriers. Puits et lavoirs, figuiers, de là, le chemin tend au château de Pourtalès.

Guide de l’Île du Levant Pierre Audebert 1950

Par une haute futaie d’essences mélangées, chênes lièges ; pins, aloès dont plusieurs avec infloraison desséchée en arbre de 4 à 5 m de hauteur.
 Château croulant d’accès dangereux. Monté sur la terrasse par l’escalier tournant en fer. Terrasse à panorama superbe sur la baie de l’Avis et sur la côte. Mais les belles dalles encore intactes pourraient céder sous les pieds. Toit effondré, traces de papiers peints adhérant aux murailles.

 Guide de l’Île du Levant Pierre Audebert 1950

  Grotte dans le voisinage que je n’ai pas visitée. Difficile à découvrir. Gladys y a été conduite par Victor Bagnasco.
 Jardin du Passeur en terrasses. Retombé en friches. Quelques châssis et un ou deux carrés où le légume commence seulement à pousser.
M. Pegliasco  qui est censé le cultiver, le néglige.
Ancien puits ou citerne sur l’une des terrasses. Il nous a montré un sentier, qui après de nombreux méandres gagne l’entrée du village débouche un peu au nord de l’hôtel Meyer (Hôtel de l'Ile d'Or) en construction.
 Revu le château le jeudi suivant. Retrouvé facilement le sentier montré par Gladys. Combien plus agréable et solitaire que la grande route. Les cuisines se trouvaient à la face du midi. La cheminée oblique à cause des rafales de mistral, tient encore debout sauf aux extrémités. Venait ensuite une vaste cage d’escalier à vis. Une partie des tables, certaines servant de marches, demeure en place, ainsi que quelques mètres de balustrades. Mais on risque sa vie en pénétrant dans cette cage. Venait ensuite les appartements, enfin la terrasse de l’angle N. Large esplanade à l’ouest vers la mer. Superbes pins, chênes liège en contrebas de la façade est. Escalier de fer à vis rendant à la terrasse 23 marches + 1 en pierre en bas.
Dessin cage ascenseur 
 

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Ile du Levant, #Carnets, #Piguet, #1936

Publié le 23 Février 2019

  Inédit

Extraits de l'un des trois carnets manuscrits de 1936, Fila I
rédigés par Auguste PIGUET, confiés par Pierre-André Reymond, son petit-fils.

Dans le texte en italique, j'ai ajouté des précisions.

" Dimanche 24.5.1936
Partons en famille pour le phare ; Jacqueline,  3 ans, sœur de Pierre André Reymond,  comprise qu’on porte par moments tour à tour / Quittons la bande Alfred Reymond, le papa, et moi pour descendre à la plage du Titan / Temps merveilleux. La Méditerranée mérite bien aujourd’hui son qualificatif de Grande Bleue /

Trois promontoires se profilent devant nous. La pointe du Liserot, dont l’extrémité a été presque coupée par les obus. Sa transformation en îlot ne tardera guère, vu que les grandes lames passent par-dessus la coupure


Puis, vient la plage du Titan au sable magnifique. Gagnons de là par le maquis et non sans efforts, car les rochers que nous côtoyons dominent l’abîme, la tour fondue. C’est un éperon de muraille qui terminait l’ancien fort du Titan au sud / 
Le 2ème promontoire aperçu est celui de l’Arête, qui précède le phare. Lorsque nous retournions de la Tour Fondue au Cagnat, un yacht vint mouiller dans la baie à 100 m de nous.

Il s’agit de presser le pas, une fois le grand chemin regagné, pour arriver au phare à midi, ou le dîner a été commandé / Laissons le sémaphore à notre droite à 2 mètres pour descendre sur le phare par un raidillon

Alfred, qui connaît la personne du sémaphore, m’y conduira une autre fois. Le chef de poste, le Breton Crasnou, charmant garçon mais têtu ne s’entend pas avec Magagnol, gardien du phare / Le premier relève des travaux publics, le second de la Marine. M. Magagnol, 61 ans, pèse 106 kg ! Son ventre proéminent ne l’empêche pas d’être leste. Son jardin vu de l’immense terrasse et allée, a l’air splendide. Dîner superbe, pris à la cuisine, face à la grande cheminée, qui renferme sur une sorte d’estrade deux potagers de petit module à deux trous. L’un d’eux n’est allumé que lors de grands banquets de 20 à 30 personnes, qu’il faut servir en deux équipes. Une pièce de toile brodée et à festons pend de la console et nous étonne par sa propreté immaculée. M. Magagnol nous avoue le laver de temps à autre. Le mantelpiece (manteau) est pourvu d’une collection d’anciens bougeoirs luisants et du plus bel effet. Au mur, des chromas représentent Genève, à l’exception d’une vue de Corte en Corse. L’île est facilement visible, mais par un temps froid et sec, nous dit M. Magagnol qui commande ici depuis quelque 20 ans. Le dîner est assaisonné par les facéties de M. Magagnol qui pousse à vider les verres selon l’ancienne coutume des hôteliers.

L'accueillant gardien et sa femme - Photo : Pierre Audebert NATURISME n°350 de 1935

Madame, trop affairée, ne peut manger qu’après coup. M et Mme Dietrich de Lyon sont des nôtres. Le premier, ancien propriétaire d’une tisserie, l’a vendue. Blondeau aux yeux bleus pervenche. Rendu complètement sourd probablement par la guerre. Madame, noiraude et sémillante, s’efforce de lui faire comprendre le sujet de la conversation.
Le téléphone relie l’Avis au Sémaphore, mais le gardien de celui-ci, se refuse à transmettre les messages destinés au phare, en sorte qu’il faut aviser les Magagnol par lettre ou arriver 1 heure à l’avance, si l’on veut être servi à midi. La jalousie remonte à l’époque où Le père Magagnol fut chargé de transmettre la poste au sémaphore. Il paraît inadmissible que sous ce rapport l’Intérieur relevât de la Marine. Depuis lors, on ne se connaît plus !
Le sémaphore compte 3 gardiens, de même que le phare. Parmi ces derniers, il se trouve un alsacien du nom de Lutz aujourd’hui en traitement à l’hôpital d’Hyères pour empoisonnement du sang. Il s’était pris la main entre le roc et le bateau. La blessure mal soignée s’envenima. Le 3ème desservant du phare est un jeune corse Onorati. Magagnol vit en mauvais termes avec eux. Leur reproche de vouloir agir à leur guise, de croire tout connaître. Lutz a 3 enfants Deux jeunes marins, souvent changés, fonctionnent comme aides au sémaphore.
On nous sert entre autres, des brochettes d’ortolans que Magagnol a tirés au sol  ; des frites de l’année en tranches longues et minces ; un civet de lapin gris pris au collet / Sur demande, Magagnol nous fait voir 2 collets et en explique le fonctionnement. Salade de chicorée amère sauvage, omelette délicate, salami  comme entrée. Café délicieux. Vin rouge , blanc et rosé. M. Magagnol se sert d’un ?? de ½ litre environ / A déjà eu 2 attaques / La 3
ème lui sera fatale / Sera tantôt mis à la retraite ; 900 francs par an. Tonne contre Laval et ses décrets-lois qui l’ont privé de 10% de son salaire ; Prétend que Laval a doté sa fille de 23 millions lors de son mariage avec M. de Chambrun, ambassadeur de France à Rome / Le dîner terminé, tables et chaises sont mis de côté. On apporte le phonographe et on se met à danser. Magagnol n’en rate pas une ; dansant en souplesse malgré ses 106 kg et son ?? blanc. Toute sa personne rayonne de plaisir.

Montons au phare dont M. Magagnol nous explique le fonctionnement. L’arbre repose sur une cuve de mercure. Se procurer un manuel sur les phares pour en savoir un peu plus long.

Au large, on voit l’écueil dit Esquilladon, pourvu d’une balise / plus au nord, l’Esquillade, autre écueil dangereux, demeure invisible, vu sa faible hauteur au dessus des flots. Mais voici 4 heures. Il faut rentrer...

 Photos : Extraits du film de Louis Buard 1936



 

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Ile du Levant, #Histoire, #1936, #Piguet

Publié le 9 Février 2019

 Inédit

Extraits de l'un des trois carnets manuscrits de 1936, Fila I
rédigés par Auguste PIGUET, confiés par Pierre-André Reymond, son petit neveu.

"A la tête de l’île se trouve l’adjoint du maire, M. Pegliasco, chargé de bénir les mariages et de présider aux élections. Père de 6 enfants, dont Paulette, l’aînée et Loulou. Possède divers bateaux faisant le service entre l’île et le Lavandou, dont le Saint Hilaire, la Belle Brise, le Laïsso Dire. Avons voyagé à 10 sur la Belle Brise. Le Laîsso Dire sert seulement à la pêche et au dépannage. Avons utilisé la Belle Brise pour venir.

Seule Paulette fille de mariniers ressentait quelque peu les attaques du mal de mer. Une toile de fortune étayée par un piquet nous protégeait contre les lames, ou du moins protégeait ceux qui se trouvaient à la proue dont deux gendarmes en kaki à la recherche d’un malandrin ; Mr Fredrick l’industriel lyonnais rendu sourd comme un toupin par la guerre ; Mme Fredrick âgée de quelque 60 ans ; Mr H. Solens qui semblait somnoler en évitant de regarder la mer ; Gladis qui consolait Paulette ; Loulou et Marius nos bateliers et Auguste Piguet (le narrateur) qui ne cessait de humer l’air marin avec délices. Les 6 derniers n’avaient pas trouvé place sous la bâche trop courte ; le dernier cité avait son fond de pantalon et son paletot trempés, sans s’en douter, n’ayant pas pris la précaution de faire descendre jusqu’au bas son manteau de pluie.

La cale était pleine de poteaux imprégnés destiné à la ligne téléphonique Grand Avis-Héliopolis. Il fallait glisser ses pieds entre les poteaux par l’écoutille. Tout mouvement des jambes était ainsi devenu impossible. Au débarquer, Gladis qui saute comme un cabri, glisse son pied entre deux planches,  prend une tôle et se meurtrit un genou. Mais comme l’éclair, la fille se relève sans rien ne dire à personne. Montons dans la vieille Ford de Mr Lassalle. L’incorruptible refuse toute bonne main."

Estacade du port de Grand Avis - Coll. Patrick Bellet

Le taxi de M. Lassalle - Extrait film de Louis Buard 1936

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Ile du Levant, #1936, #PIGUET, #Carnets