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Publié le 16 Mars 2019

Inédit

 

Extraits de l'un des trois carnets manuscrits de 1936, Fila I
rédigés par Auguste PIGUET, confiés par Pierre-André Reymond, son petit-fils.

Dans le texte , j'ai ajouté des précisions en italique.

Mardi 26/5/1936
 Avons frété le Laisso Dire pour aller de l’Avis à Port Cros. C’est Loulou qui nous conduit. Un jeune étudiant arrive en retard et ne peut embarquer.

 Il y a Mlle D’Escadillas, blonde factice propriétaire de la villa la Pitchounette, sa sœur noiraude et corpulente, l’une et l’autre parisienne ou établis à Paris / Mme Lasalle, qui ressemble fort à Louise épicière d’Héliopolis, dont le fils fait le camionnage dès le Grand Avis, vient aussi de Paris et malgré son âge porte le short / Mis Suzy, en slip et soutien-gorge, blonde naturelle, originaire des Ardennes, a vécu à Bienne, tenancière de la Cantine / Une grosse dame rhumatisante amie des d’Escadillas / M. H. Golay, Juliette, Gladys et moi + Loulou le batelier. Mer calme.   Embarquons à l’Avis pour débarquer à Port Man. Déposons les bagages à la croisée des sentiers pour visiter l’ancienne forteresse. Les 1er et 2ème étage communiquent par une vaste ouverture circulaire, destinée probablement à l’adduction d’eau. Même disposition au château dominant au N la rade de Port Cros. Les deux constructions datent de la même époque soit de François 1er. La tour est circulaire. Un escalier tournant en briques relie les trois étages / le tout en train de crouler / Plus au sud se trouvent les casemates et les services administratifs de l’ancienne forteresse.

1910 - Source : Photothèque du Parc national de Port Cros

  Mais l’ancien pont-levis n’existe plus. Pour pénétrer dans les bâtiments, il faut franchir un fossé de 3 m de largeur sur 2,50 de profondeur avec deux perches . M. Golay s’engage tardivement sur l’échafaudage. La petite perche cède sous le poids. Il a la présence d’esprit de se retenir à la plus grosse ce qui amortit le choc. Il se remonte, presque par ses propres moyens, mais ce faisant laisse choir sa canne. Juliette se jette dans le fossé, le suit sur quelques dix mètres et nous rejoint sans encombre. Retrouvons nos sacs et manteaux intacts. On me charge du sac à provisions et de 3 manteaux. Juliette se charge de m’excuser auprès de ces dames si je ne peux emboîter le pas par crainte de transpirer. Montons de 150 m environ dans les bois plus élevés que ceux de l’île du Levant, si bien qu’on ne voit que rarement la mer. Puis nous côtoyons, à peu près à plat une vaste dépression pour redescendre vers Port Cros sur le versant ouest.

  Baie remarquablement abritée dominée par trois forts. Tout d’abord, on ne voit que des bâtiments en ruine parmi les eucalyptus et les palmiers. La 1ère habitation est l’hôtel de Jean d’Agrève où se déroule le roman bien connu / Remarquable construction à deux étages pourvue de tourelles aux angles/ Magnifique allée de palmiers s’ouvrant droit devant le porche.

1936 - Source : Photothèque du Parc national de Port Cros

Mais si l’on n’y fait (pas) les réparations indispensables, ce beau bâtiment aura bientôt le sort de ses voisins. La porte est ouverte. Pas un chat. Pouvons visiter le grand hall avec ses fauteuils capitonnés et son piano. Partout des tableaux de maîtres accrochés dans les pièces et les corridors. Il serait facile d’en emporter sans être vus. Pénétrons même dans plusieurs pièces des étages pourvues de bibelots, de livres et de meubles en tout genre. Tout à l’air abandonné. Quelques pièces sont pourtant fermées. Une vaste pièce d’eau, que nous n’avons pas vue, s’étend entre le bâtiment et l’église. L’hôtel ne semble pas occupé pour l’instant. Mais pourquoi le laisser ouvert au public. Nous n’avons bien entendu pas lieu de nous en plaindre. Petite église villageoise au charme pénétrant. Poutraison apparente vernie en brun.
  Montons au cimetière en arrière du fort. La croix de bois reléguée dans un angle porte le nom d’Hélène. C’est un attrape-nigaud, nous affirme-t ’on. Tout au fond, à l’angle opposé une dalle oblique en marbre blanc rappelle le souvenir d’un poète russe (Claude Balyne) à pseudonyme français. Quatrain en français, russe et latin. Relevé ces derniers à la page de garde en finale de l’album de Port Cros / Les relever ici, ainsi que le nom et la date du décès. Cimetière enfoui au milieu de grands arbres.

  Un ouvrier occupé au fort, nous fait visiter celui-ci ; d’abord une tour construite sous François 1er. Présente la même ouverture circulaire reliant deux étages, signalée à Port Man, à l’autre bout de l’île / Une autre tour, décapitée de son faîte, est transformée en appartements. Les trois châteaux viennent d’être loués au tenancier du grand hôtel lui-même gendre du sieur Henry, propriétaire de l’île. Port Cros est un coin snob.
Pendant la saison, on n’y voit que des richards vêtus avec recherche. L’hôtel s’en redoutait de voir les forts occupés par des gens débraillés qui auraient fait fuir la clientèle chic. Il a donc passé avec l’Etat un bail de 18 ans lui permettant de faire tous les changements qu’il voudra, à ses frais bien entendu.
Entrons dans le futur grand hall et fumoir, peint en bleu de Prusse. Curieuse cheminée encadrée de deux troncs d’arbre. Escaliers du même matériel frustre. Volume rehaussé en arrière pour les musiciens.
Visité les futurs appartements de Madame, qui vit sa vie à elle, sans se préoccuper du mari. Le boudoir en bleu pâle rempli de bibelots anciens, dont nous aurions pu remplir nos poches, promet d’être une merveille.
Nous autres, plébéiens, nous (nous) installons sous des arbustes, au bord du sentier entre le fort et le cimetière pour y dîner en plein air. Mais Mlle D’Escadillas invite Loulou à dîner au grand hôtel. Suzy se fâche tout rouge et s’en va faire une scène à Mlle D’Escadillas, lui répondant, elle, femme d’une quarantaine, de lui enlever son Loulou de 18 ans ? Des paroles acerbes sont échangées.
Mais le hasard arrange bien les affaires. Loulou reçoit un téléphone le rappelant à l’Avis, pour un transport au Lavandou. Il part seul dans le Laisso dire alors qu’il songeait dîner avec sa Suzy et nous. A 5h retour du petit bateau à moteur qui doit nous emmener. Mais c’est Lassalle qui le dirige / Suzy maussade, allonge sur le pont ses charmes presque nue / Ai passé l’après-midi à longer les bastions du fort, vue magnifique / ceinturé d’agaves. Le pont-levis existe encore mu par un curieux système de poids, vieux de 4 siècles. Pendant ce temps à la xxxx populaire (qui n’a rien de commun avec le Grand Hôtel), M. Golay, Juliette, M. Lassalle et Suzy tapent le carton, les premiers jouant le yass, les derniers la capote des matelots. Ces deux jeux présentent de grandes affinités / Mer très calme. Voyons Bagaud droit en face / Ya les départs de demain, désirons rentrer de bonne heure. Lassalle nous fait descendre aux Pierres Plates, face à notre bungalow. On vous tend la main du couvert d’un rocher et la grimpette commence. Mlle d’Escadillas, vraie chèvre en tête. Nous autres soufflant et la suivant à l’arrière.

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Ile du Levant, #Carnets, #1936, #Auguste Piguet, #Port Cros et Bagaud

Publié le 9 Mars 2019

Extraits de l'un des trois carnets manuscrits de 1936, Fila II
rédigés par Auguste PIGUET, confiés par Pierre-André Reymond, son petit-fils.

Dans le texte en italique, j'ai ajouté des précisions.

Mercredi 3 juin 1936
 L’une des bornes du terrain acquis par les Durville se rencontre sur le sentier tendant de l’hôtel Pestiaux-Meyer (Hôtel de l’île d'Or)  à quelque six cents mètres du premier. Elle a la forme d’une cartouche montée sur un socle carré dont un dm dépasse le sol. Borne taillée dans une pierre d’un gris brunâtre....

 Sans doute la borne dont il est question ci-dessus

Impôts : Pour la construction et l’entretien du merveilleux réseau de routes et de sentiers, il est prélevé sur tous les propriétaires de la concession, un impôt de 8 centimes par m². De ce chef, Alfred (Reymond) doit payer chaque année 80 frs à la communauté. Il existe en outre une journée de travail en commun. Par un beau jour d’hiver, tous les habitants des 100 km² consacrent une journée entière à l’aménagement d’une plage, par exemple, chacun prend des provisions hommes et femmes et travaillent selon ses aptitudes et forces. Les uns manient la pioche ou le panfert, les autres le râteau ou de simples paniers. Ainsi, tous les habitants riches et pauvres apprennent à se connaître de plus près. Du Colonel anglais au père Barge. Cette innovation rappelle le système des dizaines du régime bernois. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Certaines personnes éprouvent certaines difficultés à payer leur impôt en argent. On leur permet de s’acquitter par quelques travaux d’utilité publique de voirie surtout. Ils se chargent de débarrasser les bords du maquis de papiers, de déchets ou de vieilles boites de conserve. Tel fut le cas de M. Theillet, l’ami d’Alfred, époux de la postière et secrétaire privé des Durville. Mais d’aucun ne permettent pas qu’on s’introduise sur leur terrain même pour le rendre net. Tel fut le cas de Mme Feaudière, tenancière du restaurant de la Pomme d’Adam. Cette personne intolérante, abreuva d’injures ce brave M. Theillet qui sut garder un calme imperturbable et eut finalement gain de cause. L’irascible personne finit par s’excuser de ses incongruités.

Une carte postale des années 30 - Archives Syndicat

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Ile du Levant, #1936, #Carnets, #Auguste Piguet

Publié le 16 Février 2019

  Inédit

Extraits de l'un des trois carnets manuscrits de 1936, Fila I rédigés par Auguste PIGUET, confiés par Pierre-André Reymond, son petit-fils.

" Jeudi 22 mai 1936 / Bain matinal à l’Aygade / Matinée descente au Grand Avis et au port puis visite du château.

Rencontrons en route le chevrier. Paul Suquet, dit Tarzan avec lequel nous discutons pendant près de deux heures. Il cheminait devant nous en slip et maillot bleu dépareillé, puis enfila le sentier qui descend à Rioufrède. Il s’y arrêta pour panser son chien Iona qu’une épine a blessé. Tandis qu’il enlève le chiffon pour permettre à la bête de se lécher, nous interpellons. Fils de charcutier marseillais, Tarzan fit de bonnes études, devint ingénieur mécanicien puis aviateur à la base de l’étang de Berre. Eut une mère qui ne lui voulait aucun bien et souffrit beaucoup l’abstinant de bonne heure. Menacé de tuberculose, se fait naturiste.

Lâche son métier pour devenir chevrier, au grand dépit de son père. Nous chante les mérites de la vie qu’il mène, nous parle de son affection pour les animaux et surtout pour sa chienne Iona, une merveille de dressage. La bête, une briarde qui peut revendiquer 7 générations de race pure a coûté 2000 francs toute jeune. Aujourd’hui, elle en vaut….Elle connaît chacune des chèvres par son nom et les ramène vers son maître sur un nom de celui-ci. Iona va l’amble comme les fauves., C’est paraît-il un signe distinctif de la race briarde. Belle bête au long poil gris. Tarzan fut baptisé d’après un film représentant un homme singe.

 

Coll. Jacquier


Le chevrier s’est procuré divers bouquins sur l’élevage des chèvres et connaît les moindres trucs du métier. Au début, Iona s’effrayait des chèvres. Le dressage lui apprit à les dominer. Elle alla même trop loin dans la réaction mordant la mamelle des jeunes chèvres. Il fallut la corriger pour lui apprendre à les ménager, à fourrer par exemple leurs petites pattes dans sa gueule sans leur faire le moindre mal !

Coll. Jacquier
 

Tarzan, malgré sa vestiture sommaire, porte beau. Belle barbe noire soignée. Parle sans accent provençal. On sent qu’on a affaire à un homme cultivé, heureux (il nous l’affirme) de pouvoir se confier de temps à autre à des personnes sympathiques. Il gèle aussi dans le midi, à preuve que Tarzan vit l’étang de Berre se prendre sur ses bords pendant l’hiver 1928-1929. Le mistral a tant de violence qu’un avion lancé à la vitesse maximale file en sens inverse au lieu d’avancer.
Les bêtes, nos soi-disant frères inférieurs font souvent preuve de plus d’intelligence que l’homme. Il est difficile de dire où s’arrête l’instinct et où commence l’intelligence, le mélange étant complet.

 

Revue NATURISME n° 399 du 15 juin 1937
 

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Ile du Levant, #Histoire, #Auguste Piguet, #1936

Publié le 2 Février 2019

Extrait du carnet manuscrit Fila I d'Auguste PIGUET de 1936, confiés par Pierre-André Reymond, son petit-fils.

"Sainte Anne, statue en bronze de 1 m de hauteur sur pyramide, socle carré et deux marches. Élevée par les marins de la région, il y a quelques deux siècles m’a-t-on affirmé. Sainte Anne porte un enfant dans ses bras
Il existe des photos du monument. S’en procurer. Il doit plutôt s’agir d’une Vierge Marie. Les gens de l’endroit l’appellent ainsi
Le mot DIVEA ne saurait s’appliquer à Ste Anne. Marie porte couronne, ce ne serait pas le cas de Ste Anne."

 

Une remarque : A son emplacement supposé se situe un oratoire.  Le lieu s'appelle LA MADONE, nom du PC TIR de la base DGA Essais de missiles de l'île du Levant.
 

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Rédigé par HODIE

Publié dans #Ile du Levant, #1936, #Auguste Piguet, #Carnets