L’ILE DU LEVANT ET L’ARCHIPEL : JARDIN NATUREL, HABITÉ & CULTIVÉ 2/6

Publié le 11 Octobre 2025

Le partage du jardin, nouvelle condition de l’île
Thierry Laverne, novembre 2017

2 RECONNAISSANCE COLLECTIVE ET EMERGENCE D’UN PROJET COMMUN


• Le paysage : héritage, témoin et production en cours
Le paysage est à la fois l’héritage le témoin et le produit d’un projet de société sur un territoire. Cette reconnaissance permet de dépasser l’attitude passive d’observateur distant du paysage, pour adopter celle d’acteur responsable, impliqué dans sa production et sa valorisation.
Si l’on est convaincu que le paysage est produit par les projets en cours sur un territoire, on reconnaît alors la
responsabilité de la collectivité en charge de ces projets. Ainsi le paysage ne relève ni du bien privé, ni du bien public et n’échappe pas à la notion de projet ni à la nécessité de réunir les membres de la collectivité responsable et dépendante de sa production, autour d’une vision commune et d’objectifs partagés.
La notion de « bien commun paysager » permet de préciser et partager la responsabilité de chacun dans la production du projet d’intérêt commun sur un territoire. L’existence d’un bien commun paysager suppose trois conditions essentielles :
- La reconnaissance d’un lieu un site un territoire pour ses valeurs patrimoniales et de services et pour la qualité de ses paysages
- Ce lieu ce site ou ce territoire doit être perceptible, visible, localisable et accessible ;
- Une gouvernance publique ou privée doit confirmer que ce lieu (ses valeurs ses ressources et ses paysages) est la condition d’existence du groupe
• « L’appropriation du territoire » comme condition de son avenir
La reconnaissance et l’appropriation quotidienne des qualités et valeurs originelles de l’île et de ses enjeux d’avenir par ses résidents et usagers et par l’ensemble de ses visiteurs, constitue une condition essentielle de l’avenir et de sa durabilité, au travers du développement de nouveaux modes de vies indispensables au bonheur des levantins.
Ainsi, au delà des valeurs de cadre de vie reconnues de ce territoire auxquelles pourraient être réduits ses enjeux environnementaux et de paysage, comme des variables d’ajustement ou des valeurs d’accompagnement du projet du village, le projet du jardin habité du Levant doit permettre de rassembler l’ensemble des responsables, des acteurs et des habitants du village autour de la notion de mode de vie qui
les implique chacun individuellement, dans leurs responsabilités professionnelles ou électives et dans leur vie
quotidienne.
• Le village et l’île du Levant « Bien commun paysager »
La notion de bien commun paysager fournit à la fois un argument puissant et un outil efficace de reconnaissance et de partage des conditions de l’île du Levant et de la nécessité de son projet. En effet si le paysage est coproduit par tous et appartient à tous, sa reconnaissance implique chacun individuellement et ensemble (dans sa responsabilité, sa compétence ou sa jouissance), dans sa production sa gestion et son partage.
Ainsi, sur le territoire fini de l’île, le paysage ne doit pas être célébré seulement comme un ailleurs dépaysant mais distant, composé par l’horizon superbe mais inaccessible de l’archipel. La reconnaissance collective de la responsabilité de chacun sur le paysage produit de l’île doit être évidente et indiscutable. En reconnaissant alors le paysage comme le bien commun des levantins, cette responsabilité impose l’énoncé, l’adhésion et la mise en œuvre d’un projet collectif, comme condition indispensable d’un avenir commun…

De la même manière vis à vis des deux autres îles et de l’archipel, cette responsabilité du Levant et des levantins est également déterminante. En réconciliant simplement et en tout point par le projet de paysage, l’urbanité du village avec la nature profonde du parc naturel, le projet collectif de l’île du Levant constitue aussi une opportunité unique, pour démontrer et convaincre de l’intérêt et de la capacité de réconcilier durablement pour le bonheur des habitants, urbanité et naturalité sur l’ensemble du Parc national de Port Cros.
Fondé sur la reconnaissance indiscutable des qualités et des ressources de l’île et de la valeur patrimoniale de ses paysages, le projet du Levant doit répondre notamment aux trois enjeux suivants :
- Reconnaître, composer ensemble et réussir la cohésion entre les enjeux et valeurs naturelles, agricoles et d’urbanité de l’île du Levant, capable d’inventer un nouveau mode de vie levantin ;
- Développer un dialogue intense et ouvert pour définir ensemble les conditions d’avenir de l’île et réfléchir aux actions à mettre en place pour y parvenir, en témoigner et la valoriser ;
- Inventer une gouvernance particulière rassemblant responsables, les acteurs, les habitants et usagers de l’île, de l’archipel et du Parc, autour du même projet.

 

à suivre

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