Direction les îles pour le sanglier !

Publié le 11 Mars 2022

Pierres et terre retournés devant le banc du sentier nature (Station n°2)

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Merci à Philippe de la Pinède pour cette information parue dans le Chasseur Français!

Sanglier : direction les îles !

L’opportunisme du sanglier n’est pas une légende. L’espèce le démontre depuis des décennies en France, où son aire de répartition n’a cessé de croître. Toujours plus haut, toujours plus loin, jusque dans des lieux improbables et des régions où il n’avait jamais pointé son groin. Les îles métropolitaines ne font pas exception. En simple visiteur ou en colonisation durable, notre gibier star enfonce ses gardes dans le sol des îles de la façade atlantique et de la Méditerranée.

Le sanglier nage excellemment bien et vite. Il ressort plusieurs traits communs à ce phénomène, quelle que soit la région concernée. Tout d’abord, même s’il s’agit d’un truisme, il est évident que pour arriver sur une île, les sangliers ont dû nager. Ils sont très à l’aise dans l’eau. Les zones humides sont des repaires qu’ils apprécient et qu’ils recherchent. La Camargue est même célèbre pour ses battues dans les immenses marais entrecoupés de canaux profonds. Le sanglier y trouve à la fois un habitat sûr et inextricable et une diversité importante de sources de nourriture. Tout le monde a en mémoire les images d’un sanglier ou d’une compagnie bien alignée fendant la surface de l’eau à une vitesse étonnante. Seule la partie supérieure de la tête émerge – et parfois une partie de la ligne de dos – avec le groin dressé, telle une proue. Les pieds des sangliers sont adaptés à la nage. Les pinces et les gardes sont implantées sur un pied large avec une peau bien présente dans l’espace interdigité, comme une palme. La surface au contact de l’eau est donc importante par rapport à la taille de la bête. L’actualité s’égaie régulièrement d’anecdotes d’animaux croisés en pleine mer. Au rayon des faits divers, ces rencontres marines marquent l’opinion publique. Il y a quelques années, par exemple, un sanglier fut filmé par des pêcheurs en Méditerranée à plus de six kilomètres des côtes italiennes. Plus récemment, à la mi- octobre 2019, des plaisanciers normands effectuèrent une sortie en mer, au large de Deauville. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils remarquèrent un animal avançant en pleine mer à près de deux kilomètres de la côte ! « Nous avons vite compris qu’il s’agissait d’un sanglier qui nageait droit vers le large », expliquèrent-ils. Ils filmèrent toute la scène. Ils réussirent à le capturer et à le ramener vers le plancher des vaches. Ces rencontres insolites font régulièrement les choux gras des quotidiens régionaux et des journaux nationaux. Mais pour quelles raisons un sanglier ou une compagnie s’élancent-ils en mer, direction le grand large ?

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La Méditerranée n’est pas en reste

Les îles d’Hyères sont un archipel composé de quatre îles et de quelques îlots en Méditerranée, dans le département du Var. Hauts lieux touristiques, ces trésors naturels sont confrontés régulièrement à l’arrivée de sangliers du continent, celui-ci étant distant de quelques centaines de mètres pour l’île de Porquerolles jusqu’à huit kilomètres pour l’île de Port-Cros. Il n’y a guère plus de dix ans, la presse avait fait grand bruit de la traversée d’un sanglier entre le continent et Port-Cros. Maintenant, l’espèce y est installée et prospère. Sa présence pose nombre de problèmes, car l’île est exiguë – seulement sept kilomètres carrés – et constitue un réservoir remarquable de biodiversité, au point qu’elle est devenue un parc national à part entière. La population de sangliers y est estimée entre quarante-cinq et une centaine d’animaux, selon les sources. Des battues administratives ont été organisées, et même les inspecteurs de l’environnement du parc national sont chargés de la destruction du sanglier. Le monde scientifique s’intéresse de très près à la situation. Des chercheurs du CNRS en partenariat avec la Soptom, association de protection des reptiles en France et à travers le monde, analysent l’impact de la présence du sanglier sur les espèces autochtones. Les scientifiques ont retenu les serpents comme bio- indicateurs pertinents pour cette étude, car ils sont sédentaires et dépendent de micro-habitats et d’abris au sol que les sangliers peuvent perturber lors de leurs recherches de nourriture. Le suivi des serpents à Port-Cros et à Porquerolles est en place depuis 2012. Si la population de sangliers semble stabilisée à des niveaux assez bas à Porquerolles, ce n’est pas le cas à Port-Cros où ils se sont largement multipliés à partir de 2015. Les indicateurs de suivi des populations de serpents déclinent nettement depuis cette date. Les observations de couleuvres sont moins nombreuses et la probabilité de survie baisse également.
Les scientifiques ont déterminé deux types d’impacts du sanglier : destruction des micro-habitats au sol et prédation des serpents. Ils préconisent « une éradication totale et rapide des ongulés sur l’île ». Pour ce faire, ils identifient comme moyens d’action des battues alliées à une campagne de piégeage et d’empoisonnement et à la pose de clôtures électrifiées. Les difficultés pratiques restent nombreuses, tant en matière de financement que de mobilisation de moyens humains et techniques. Comme souvent dans ce genre de situation, le sanglier démontre qu’il est un gibier qui vend chèrement sa peau et qui n’est pas facile à chasser.

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