Histoire de l'île du Levant avant le domaine naturiste (2)

Publié le 3 Octobre 2011

Nous avons vu la propriété de l’Île du Levant changer de mains à de nombreuses reprises. Mais en réalité, «  tous les particuliers qui, jusqu’à ce jour, ont acquis des droits sur l’Île, n’en ont possédé qu’une partie ».

L’île en effet, a une superficie globale d’environ 1.000 hectares.

Sur ces 1.000 hectares, l’Etat pour ses besoins militaires, a toujours conservé la propriété de 65 hectares.

En 1880, ces 65 hectares, propriété de l’Etat se répartissent de la manière suivante :

environ 62 hectares constituent la Batterie des Arbousiers (appelée aujourd’hui Domaine des Arbousiers), située à la pointe occidentale de l’Île, face à Port-Cros. A son sommet se dressent les quatre murs, percés de créneaux, de la vieille redoute, où veillait le corps de garde chargé d’assurer la défense et la surveillance de la « Passe des Grottes ». La redoute est en ruines

- environ 10 ares (100 mètres carrés) constituent la « Batterie du Titan », campée en surplomb de la Plage du Titan, à l’extrémité orientale de l’Île, à 8 kilomètres environ de la « Batterie des Arbousiers ». on retrouve difficilement quelques pierres qui faisaient partie des fondations de cette batterie, dont la totalité du gros œuvre à disparu

- environ 3 hectares constituent le sol d’un long « Chemin » qui, suivant les crêtes de l’Île, permet de se rendre de la « Batterie des Arbousiers » à la « Batterie du Titan ». Théoriquement le chemin a une largeur de 5 mètres. Pratiquement, le maquis l’a envahi et absorbé. On retrouve vaguement ses traces par endroits, mais il faut un géomètre pour en préciser exactement la position.

En 1883, la situation va se modifier profondément.

Les batteries sont ruinées. Les tactiques militaires ont évolué. L’Etat n’a plus besoin de ses installations qui sont devenues archaïques. Il décide de les vendre par adjudication. Deux lots sont créés à cet effet.

Le premier lot comprend les 62 hectares de la Batterie des Arbousiers et les 3 hectares du chemin central de l’Île. Il est adjugé à Otlet, déjà propriétaire du surplus de l’Île.

Le second lot est réduit aux 100 mètres carrés de la Batterie du Titan. Il est adjugé à Clément Bayard.

De telle sorte qu’après cette double adjudication et pour la première fois depuis de nombreux siècles, l’Etat ne possède plus rien sur l’Île du Levant. Edouard Otlet et ses héritiers sont désormais (avec Clément Bayard qui possède les 10 ares de la Batterie du Titan) les seuls maîtres de ce magnifique domaine.

La situation reste sans changement pendant une dizaine d’années.

Mais les héritiers Olet doivent de l’argent à l’Etat. Par ailleurs, la Marine a de nouveau des visées sur l’Île du Levant : celle-ci serait pour elle, un admirable objectif pour les exercices de tir de la flotte de guerre évoluant au large de Toulon.

En 1892, l’Etat saisit l’occasion. Il fait mettre en vente le domaine des Otlet. La batterie des Arbousiers, pas plus que le chemin central de l’Île, ne font partie de la saisie.

A l’adjudication, l’Etat se porte acquéreur du domaine mis en vente pour le compte de la Marine.

Ainsi un curieux chassé-croisé s’est réalisé en 10 ans : L’Etat après avoir été propriétaire pendant des siècles de la petite partie de l’Île, a perdu celle-ci et est devenu propriétaire de la grosse partie.

Otlet, primitivement propriétaire de la grosse partie, n’est plus propriétaire que de la petite. Mais il est propriétaire, aussi, du chemin central de l’Île, qui lui permet d’accéder partout, jusqu’à la plage du Titan.

Nous voici maintenant au vingtième siècle.

La colonisation naturiste, la plus glorieuse étape de l’histoire de l’Île du Levant, se prépare.

En 1928, les héritiers Otlet vendent ce qu’ils possèdent encore à l’Île du Levant ( la Batterie des Arbousiers et le chemin central ) à une société anonyme, la Société Immobilière du Rhône. Celle-ci, dès l’acquisition de la propriété, prend le nom de Société Immobilière des Îles d’Or.

Au même moment, la Société Immobilière des Îles d’Or obtient de l’Etat une location, par bail 3-6-9, du domaine acquis par lui en 1892.

 De telle sorte qu’en 1928, la société possède la maîtrise de la totalité de l’Île :

- partie du fait de sa propriété des 65 hectares constituant le sol de la Batterie des Arbousiers et du chemin central de l’Île ;
- partie du fait de sa location des 930 hectares appartenant à l’Etat.

Enfin en 1931, commence l’ère naturiste.

Nous parvenons à acheter la totalité des actions de la Société Immobilière des Îles d’Or.

Puis, la société nous vend une partie de son domaine (25 hectares environ, comprenant les ruines de la Redoute des Arbousiers, ainsi que le chemin central de l’Île).

Sur ce premier lot de 25 hectares, dont nous sommes devenus personnellement propriétaires, nous allons entreprendre la fondation de la Cité Naturiste. Les terrains restant appartenir à la Société des Îles d’Or ( une quarantaine d’hectares ) restent en réserve, en vue d’une extension éventuelle de la cité.

La grande aventure de l’Île du Levant commence.

Extraits de la brochure des Dr Gaston et André Durville - 1956

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