Des Levantins à Tahiti - 1936-1950 - suite
Publié le 10 Décembre 2019
Portrait de Famille
SUCCESSION PIGUET-CHRONIQUE DE DEUX MILLE ANS
Pierre-Hervé Piguet
2001
Extraits
....Le Bazar d’Héliopolis. Tout comme l’alimentation Charraix et la boulangerie, le bazar était un pilier du commerce de l’île où l’on trouvait de tout. Il comportait une terrasse où l’on pouvait siroter des rafraîchissements. J’y fus un assidu consommateur de menthes à l’eau alors que mon cousin (Pierre-André Reymond) préférait la bière.
Les propriétaires du bazar furent pour nous plus que de simples commerçants. Ce furent eux, les Druart, qui cédèrent le bail de leur commerce à oncle Alfred et tante Ju avant-guerre (Alfred et Juliette Reymond) ; le père Druart avait connu les tranchées de 14-18 et, sentant la nouvelle guerre arriver, partit avec sa famille aux Etablissements Français d’Océanie.
Bien qu’ayant choisi de rentrer en France vers la fin des années 40, Jules et Lucie étaient intarissables quand il était question de raconter la Polynésie. Ils vécurent à Raiatea où ils exploitèrent le coprah et la vanille. Ils firent aussi un peu d’élevage. Leurs récits passionnants eurent un impact considérable sur ma vie ultérieure : ils me communiquèrent le virus des îles des mers du sud. Ils nous faisaient écouter des disques tahitiens, tamourés et chansons glorifiant l’amour… et le corned-beef ((« ho’e pua’a toro Hellaby… »). Ils me firent lire T’serstevens (Tahiti et sa couronne). J’appris par cœur le nom de ces îles et de ces archipels enchanteurs.
Je ne compris jamais pourquoi les Druart choisirent le retour en métropole alors qu’ils n’avaient conservé que des souvenirs inoubliables de leur lointaine Raiatea. De leurs enfants, l’un resta en Polynésie où il prit une femme tahitienne. J’eus l’occasion de le rencontrer dans les années 70 à Uturoa, où il tenait le bar de l’aéroport. Pierre et sa sœur (Jeannine) accompagnèrent leurs parents au retour en France.

De gauche à droite, François, Honor David-Gell, Jules et Lucie Druart et Sylvette
Coll. Léonard Lassalle et Marie Claude Comby